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  • Photo du rédacteurCatherine Hargreaves

London 16/11

Dernière mise à jour : 7 janv. 2022


Balade de deux heures le matin à la mer puis aller/retour à Londres pour rencontrer Nina Guérineau de Lamérie, la correspondante à Londres pour Libération qui a eu la gentillesse de répondre à mes question et me donner son point de vue sur l'Angleterre d'aujourd'hui. Je suis ses articles depuis un moment et je suis très heureuse qu'elle trouve le temps de cette rencontre.

Elle me parle d'abord de la COP26 qu'elle a pu suivre à Glasgow de très près.

Puis elle me dresse un tableau assez pessimiste de l'Angleterre, c'est plutôt normal, elle suit de près les péripéties de ce gouvernement dont les clowneries et la corruption atteignent un niveau inqualifiable et elle connaît beaucoup mieux que moi tous les éléments concrets de la catastrophe économique que constitue le Brexit (3 milliards d'imports/exports perdus, pas assez d'employés dans les ports pour le nouveau travail administratif, pêcheurs obligés d'établir dorénavant un formulaire par type de poisson- contrairement à un formulaire pour leur pêche entière avant - ce qui fait qu'ils sont obligés de surgeler leur pêche par manque de temps ce qui fait baisser le prix, pénurie de salariés, crise d'approvisionnements, présence amplifiée de la culture américaine etc.). Elle me décrit la société anglaise comme une société bi-polaire et d'émotions, gouvernée par les réseaux sociaux et la presse dont les travers (racistes etc.) ont été radicalisés et libérés par le Brexit. On sait que le manque d'une presse libre en Angleterre y est pour beaucoup dans le fait que le Brexit soit passé. Je me demande en l'écoutant si ce qui se passe ici n'est pas un avant-goût de ce qui va se passer en France. Il suffit de penser à ce que Zemmour doit à Bolloré.

Je le vois depuis que je suis ici, le COVID camoufle beaucoup les conséquences du Brexit, on se demande toutes deux comment vont ressurgir les questions pour l'avenir une fois que l'émotion de la crise sanitaire sera retombée. Le gouvernement en profite, c'est sûr. Elle me parle de la théorie selon laquelle la mort de la reine signera la fin de ce monde fantasmé souhaité par certains Brexiters, celui d'un âge d'or, une nation pure, supérieure libre et indépendante. Sa mort provoquerait une énorme crise psychologique de celles et ceux qui vivent encore selon ce mythe. Je me dis que les conséquences du Brexit doivent déjà mettre ce retour à la réalité en route et les mettre bien mal à l'aise.

On se demande aussi si l'Ecosse va sortir du Royaume-Uni. Et d'ailleurs peut-on encore parler de Royaume Uni? N'est-on pas plutôt en train d'assister à un craquèlement des nations?


J'ai entendu des horreurs depuis que je suis ici, je constate que le pays va très mal mais je n'arrive pas au même pessimisme que Nina. Peut-être est-ce justement que je me suis éloignée de tous les faits, chiffres, lectures et que j'ignore autant que possible le gouvernement. Se concentrer trop là-dessus déforme trop la réalité que je cherche. J'essaye avec cette résidence d'avoir une vision de cette Angleterre post-Brexit en utilisant d'autres chemins. Je cherche aussi ce qui résiste et ce qui émerge plutôt que de me concentrer sur ce qui se casse la gueule. Sans pour autant je l'espère créer un nouveau fantasme ou être trop naïve.

Je cherche comment penser et regarder autrement et le fait que je lie ce qu'a provoqué le deuil de Rachel et la situation en Angleterre en est le début. La crip culture nous donne très concrètement et depuis longtemps les moyens de trouver cet autrement, elle nous permet de revenir à la réalité.

Lire par exemple Beasts of Burden: Animal and Disability Liberation de l'excellente Sunaura Taylor (merci H.)

Je sais bien que tenter de comprendre quelque chose d'une nation et d'une époque sans une vision politique et économique n'aurait aucun sens et serait même dangereux, ce n'est pas ce que je cherche à faire, j'essaie juste de trouver des liens entre ce qui apparemment n'en a pas, absence de liens que mon intuition dément fortement et puis je n'ai ni le genre de cerveau ou esprit pour faire un travail documentaire.

Voici ce qu'écrit Kharani Barokka, une artiste poète que j'ai lu dans l'anthologie que j'ai acheté l'autre jour à Southampton:


In a world obsessed with diagnostics, numerical measurements, finite pathways to recovery, and the absolute need for such recovery in a body deemed less than able, regardless of wether or not when already feels whole, or whether our conditions have cures if we identify as sick, I would prefer to discribe my disability in colours, shades and nuances. The blunt trauma of being forced into one diagnosis, then another, of having my bodily and psychic sensations dismissed, diminsihed, mistreated and ignored, over many years, in hospitals, clinics, schools and public spaces in various countries, has sharpened my utmost regard for the tool that is poetry. It is through stanza that communion happens between the shades of life that we all know can't be enumerated, can't be delineated, can't be ket hidden from ourselves - despite how ignorance about our varied, glorious bodies and minds perpetuates systemic violence and forced disconnection, even from our own experiences.


Avant de rentrer à Brighton, je me rends au Camden People's theatre pour assister à un work in progress de Hannah Ringham et Sue Maclaine






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C. est d'origine nigériane et aime aussi beaucoup Bristol. Il aime son cosmopolitisme et la gentillesse de ses habitant.e.s. Il habitait avant à Cardiff et il trouve que les gens ici sont plus "éduqué

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